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Alamo Race Track - Interview !
Et en route pour la joie.





Sur disque, les quatre d’Amsterdam s’imaginent Sparklehorse et taillent des arbres au canif à l’entrée d’un désert. Sur scène, le groupe respire la poudre à canon et fait voler les planches. Qu’est-ce donc qui les tient ? Rencontre avec Ralph et Guy, respectivement chanteur et batteur du groupe, entre beaucoup de rires et juste ce qu’il faut d’innocence.

peauneuve : Où vous êtes vous rencontrés ?

Ralph Mulder : On joue ensemble depuis quatre ans. Au départ on jouait tous dans ce groupe pour accompagner un chanteur-compositeur, et c’est lui en fait qui nous a regroupé ensemble. Il faisait ses études à Amsterdam. Lem et Dacid, le bassiste et le guitariste, étaient étudiants avec lui et c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Nous sommes de différents coins des Pays-Bas. On a donc tous bougé sur Amsterdam pour faire de la musique et on est devenu vraiment amis.

We’ve been playing in this band for four years, now. Basically we were sort of a backing band for a singer sonwriter. He was the one who got us all together. He studied in Amsterdam. Lem and David, the bass player and the guitar player were studying with him, and that’s how we met. We’re all from different parts of Holland and we all moved to Amsterdam to make music and play. We became really good friends.

pn : Plutôt une bonne chose pour commencer...

r.m. : Ouais, on ne va pas tout de suite faire comme Deep Purple et arriver dans des limousines différentes (Rires) avec un qui va dans ce sens et l’autre à l’opposé comme ça. Non, on est toujours amis.

Yeah, we’re not gonna be like Deep Purple and arrive in different limousines (laughing), one going that way while the other is going the opposite and so on. No, we’re still friends.

pn : Jusqu’à present...

r.m. : Ouais, jusque là tout va bien. Je ne sais pas pour combien de temps, cela dit (Rires)

Yeah, so far. I don’t know for how long, though (laughing)

pn : En vous écoutant jouer, des noms me venaient à l’esprit. Qu’est-ce qu’ils t’évoquent ? Tarantino, The Clash, Elvis, the Doors et Cendrillon ?

r.m. : Cendrillon ?!!? (Rires) Je vais commencer avec Elvis. Je suis un vrai fan. Cela à commencer quand j’avais huit ans, c’est en fait ma première vraie expérience avec la musique. J’avais un copain à l’école dont la mère était vraiment incroyable. Je me rappelle la première fois que je suis rentré chez eux, c’était hallucinant. Il y en avait de partout : des cendriers Elvis, des peintures d’Elvis, des photos, des disques de partout (Rires).

Cinderella ??!!?(laughing) I’ll start with Elvis. I’m a huge Elvis fan. When I was about eight years old, it’s my first experience with music. I had a friend at school whose Mum was unbelievable. I remember I went into their house and it was like an amazing shit. There were Elvis ashtrays, Elvis paintings and photos and records everywhere (laughing).

pn : Est-ce qu’elle ressemblait à Elvis ?

r.m. En fait oui, c’est ça le pire. Elle fumait clope sur clope, avachie toute la journée sur son canapé. Elle était énorme. Je ne sais pas précisément comment tenait ce marriage avec le père de cet ami (Rires). Et voilà, elle avait ses vidéos, des films, tout. Et un jour, alors qu’on jouait aux playmobils, elle a mit ce disque et là Waooo Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Cette voix ! J’étais complètement fasciné. Un jour, je faisais les courses avec ma mère au marché et je vois le visage d’Elvis sur une cassette. Je lui demande Tu peux m’acheter cette cassette ? et depuis, j’e l’ai toujours gardée. Je pourrais l’écouter tous les jours.

Actually yeah, she did. She was chain-smoking and sitting on a couch all day. She looked huge. I don’t know how the marriage was with her my friend’s father but (laughing). And then she had Elvis videos, she had all her stuff. And we were playing playmobils with my friends when she put on an Elvis record and I was like Waooo, what’s this man, that voice ! I was totally mesmerized. Then I was with my mum on a marketplace, I asked her Can you buy me that tape ? I saw Elvis on the cover and since then, I’ve kept that Elvis tape and I could listen to it everyday.

pn : Tu es sans doute passé par ses vidéos aussi, non ? A la façon dont tu bouges sur scène, parfois....

r.m. : Oh oui, bien sûr. J’ai vu tous ses films. Je crois que c’était vraiment un bon acteur (Rires) C’était un autre type de scène pour lui, tous ses films n’avaient en fait qu’un seul sujet - lui-même.

Oh yeah, of course. I’ve watched all his films and I think he’s a great actor. (laughing) It was just like another stage for him. In his movies, it’s all about him, you know...

pn : C’est donc ton modèle pour ta carrière à venir ? Je vais prendre des notes pour le futur...

r.m. : Ah oui, complètement (Rires). Je vais faire un cd qui aura pour titre La vie à Hawaii, ce qui nous amène à Tarantino parce que c’est lui qui va réaliser le film autour des chansons du cd. Je sais pas. Je suis sûr que si Elvis était toujours en vie, il lui demanderait de jouer, au lieu de John Travolta. Voilà, et puis sur les Doors, bon je pense que oui on les a tous écouté quand on avait seize, dix-sept ans. Tous les ados à un moment passent par cette période où ils se mettent à écouter les Doors. Morrison possède le même sex appeal qu’Elvis, il est presque aussi fascinant et sa musique bien sûr est incroyable, ça vous tient. Je pense qu’il y a un peu moins de tension chez Elvis, mais c’est vrai que cette puissance dans la voix, la façon dont il bouge sur scène, tout ça est énorme, incroyable.

Yeah, definitely (laughing) I’ll make a cd that’s gonna be life in Hawaii and then we move to Tarentino’cause he’s the one who’ll direct the film based on the songs from that cd (laughing). I don’t know. I’m sure that if Elvis were still alive, Trantino would ask him to play in a film, instead of John Travolta. So and the Doors, well, yeah I guess we all listened to them when we were sixteen, seventeen. Every teenager has that stage when they listen to the Doors, and Morrison has the same sex-appeal as Elvis, he has the same mesmerizing effect and the music is of course very hypnotizing as well. I think Elvis is a bit more laid-back than him but everything about his strong voice, and the way he moves, all this is amazing.

pn : Ta voix est extrêmement présente sur scène, beaucoup plus puissante que sur l’album. Est-ce lié à ces influences là ?

r.m. : Je suis pas sûr que les Doors entrent en ligne de compte quand je compose des morceaux, non. Je ne pense pas à des groupes dans ces moments-là. Au contraire, j’essaie de ne pas écouter de musique du tout durant ces périodes. Cela me gêne plus qu’autre chose. J’ai toujours peur que cela ne me fasse pencher dans telle ou telle direction ou que à me rendre vraiment dingue donc, bon...

Yeah, well. I’m not sure if the Doors come in when I write music. I don’t think of particular bands then. I actually don’t listen to music at all when I’m writing because I find it disturbing, I’m always afraid that I will go that direction or that I will get crazy so...

pn : Comment se passe l’écriture des morceaux ?

r.m. : En général, j’ai des idées qui viennent si je fais du vélo ou quand je suis posé tranquille quelque part, souvent chez moi. J’y pense alors pendant quelques jours et je commence les jouer à la guitare. Ensuite je vais voir les autres pour leur montrer ce que ça donne...

Mostly I have ideas that come up when I’m riding my bike or when I’m in a quiet spot, mostly at home. And I think of that for a few days. Then I just play them on the guitar and I come up to the guys and show them the stuff

Et Guy (le batteur - ndlr) massacre tout.

r.m. Oui, lui il massacre et suite les autres se mettent à tout massacrer aussi, juste avant que le prof arrive et dise bon, fini de rire, maintenant toi tu fais ça et toi ça (Rires). Non, c’est juste que je peux dire à tout le monde à un moment, voilà ce que je propose, c’est mon idée, maintenant voyons voir. Mais je me mets toujours un peu en retrait au début. Je suis toujours curieux de voir ce qu’ils vont apporter d’eux-mêmes aux morceaux. On est tous différents et on écoute donc tous les morceaux avec une oreille particulière, donc chacun propose des trucs. Des fois ça fonctionne bien et je me dis Whaoo et ça apporte vraiment quelque chose de nouveau, de mieux, et

Yeah he fucks it up, and then everybody fucks it up and then I’m like, no the schoolteacher says you have to do this and this (laughing). No it’s just... I can say to everybody this is my idea, let’s see. But I always let go in the beginning ’cause I’m always curious to see what they’ll make of that song. We’ve got all different minds and different ways of listening to a song, so they come up with parts. Sometimes it’s good and I’m like Whaoo and it even makes the song better and

Guy Bours : Parfois c’est très nul.

Guy : Sometimes it’s really bad (Rires).

Ralph : Voilà, donc alors on s’y remet et là je leur demande, Est-ce qu’on pourrait essayer ça, c’est plus

Yeah, so then we go back onto it and I ask them Could you try this out ? This is more...

Guy : Le feeling. C’est pas evident qu’on saisisse tous le feeling particulier d’un morceau. C’est lui qui les écrit, donc...

Guy : The feeling. It’s hard to explain to each other the feeling of a particular song. He writes the song so...

Ralph : Quand on répète ensemble, on cherche tous à être sur la même ligne les uns avec les autres, ou alors on tâtonne pour trouver ce qui correspond le plus à un morceau. Et c’est vraiment cet aspect-là qui fait que jouer en groupe est vraiment plus intéressant que de jouer seul.

When you’re in a rehearsal room, you’re basically looking for the same feeling, the same connection or what makes the song the best. And that’s a really interesting part of making music together with a group, you know, instead of doing it alone.

Guy : On doit réussir à combiner ces différents éléments ensemble Si je continue à jouer mon truc et qu’il me dit que c’est nul et que je l’envoie se faire voir, ça ne peut pas marcher.

Guy : We have to combine all the elements together. If I go on playing my stuff and he says it’s no good and I tell him to fuck off, it can’t work.

pn : D’où vient ce côté brut, massif que tu as avec ta batterie sur scène. Are you ok ?

Guy : Oh, je sais pas (Rires). En France, on joue dans ce château, cet endroit vraiment beau, et moi, je veux dire, j’ai jamais pensé que je deviendrais un jour batteur. Quand j’avais sept ans, je jouais de la grosse caisse dans une fanfare, tu vois ? Ensuite quand j’ai continué mes études, au début, j’avais complètement laissé tombé la musique. Et maintenant voilà on joue en France, en Angleterre, aux Etats-Unis ! J’arrive pas y croire !

Oh it’s just , I don’t know. (laughing). In France we’re playing in this château, this beautiful place, I mean, I never thought I would be a drummer. When I was nine, I used to play in a marching band, you know. And then I went studying and forgot it all about music and now we’re in a band playing in France, England, America ! I mean I can’t believe it

Ralph : Donc c’est vraiment tout du positif, cette énergie.

So it’s all positive energy.

Guy : Ouais, comme si on te payait pour des vacances (Rires).

Yeah, it’s like paid holidays (laughing)

pn : La Hollande est un petit pays, comme la France, d’ailleurs, un autre petit pays (Guy se cogne le ventre par terre). Ya-t-il chez vous une scène hollandaise qui ressemble à ce qui se passe en Belgique, notamment à Anvers, avec des groupe comme dEUS, Zita Swoon, etc ?

r.m : Je ne pense pas que la scène d’Amsterdam est aussi proche, aussi développée que ce qui se fait sur Anvers. Ils ont quelques années d’avance. Ils ont commencé à jouer ensemble au tout début de années quatre-vingt dix. Mais j’ai l’impression maintenant que quelque chose commence vraiment à Amsterdam. Les groupes s’écoutent de plus en plus les uns les autres, dans des endroits alternatifs où la scène est ouverte à tous.

Donc nous on s’est fait beaucoup d’amis parmi les autres groupes. Je joue avec le chanteur d’une autre groupe alors que __ joue avec le bassiste de ce même groupe. Donc petit à petit ça peut déboucher sur quelque chose de solide. Aved, notre ingénieur du son, s’investit beaucoup de ce côté, donc ça bouge, il y a plien de nouveaux groupes sur Amsterdam maintenant.

I don’t think it’s as close as Anvers. They’re a little bit years ahead. They started at the very beginning of the nineties to play together. But I have the feeling nowadays in Amsterdam it’s just starting to grow as well. Bands are listening to each other a lot on venues, alternative places where you can play. So we’re now becoming friends with a lot of other bands. I’m playing with an other band’s singer whereas __ ‘s playing with the bass player. So it’s slowly leading to something. Aved, our sound engineer pretty much active on this musical scene, so there are a lot of new cool bands coming from Amsterdam now.

Guy : Sans qu’il y ait jamais d’esprit de compétition, comme c’était le cas avant. Les gens commencent à comprendre qu’ils ont tout à y gagner, comme ce qui se passe en Belgique lorsqu’un type de Zita Swoon peut participer à une création musicale sur un film ou un ballet. Je trouve ça vraiment cool.

Guy : And there’s no competition between the different bands, as there used to be in the past. People now realize they can help each other, just like they’re doing in Belgium when for instance a guy from Zita Swoon can go and play for a movie or a ballet. I think that’s really cool.

pn : D’où vient la grande différence entre la force, la tension du concert par rapport au côté beaucoup plus serein de l’album ? Vous êtes colère, rebelles, méchants ?

r.m. : Non, bien sûr que non. Je ne vois pas vraiment de colère en moi. On n’essaie pas du tout de se la jouer rebelles. Ce n’est pas comme à la fin des années soixante-dix où le punk voulait tout foutre en l’air . Vouloir être rebelle quand on a vécu une adolescence tranquille, sans problèmes d’argent, et que tout allait à peu près, je ne sais pas. Tout ça me vient d’une coup... je suis...comment dire... je suis un peu anxieux. J’ai dans ma tête toutes ces idées, ces pensées, ça fuse de partout. J’essaie juste ensuite de rassembler tout ça et de faire de la musique. Donc pour moi, être sur scène, c’est vraiment une manière de lâcher prise, de me laisser aller. Sinon je suis plutôt calme (Rires). C’est sûr que je ne comprends pas toujours ce qui se passe autour de moi, je ne comprends pas toujours comme je fonctionne moi-même. J’essaie de faire des chansons avec tout ça, quoi.

No, of course not. I’m not an angry person. We’re not at all trying to be rebellious or angry. We’re not like at the end of the seventies when punk started and it was really about kicking against society. Being Rebellious as a safe youth, having enough money and everything all right, I don’t know. It’s mostly coming in my head,...I’m really a...how to say it... an anxious person. My mind is going like... millions of thoughts in one minute so it’s just going everywhere. I’m trying to pick up all those things and then put it into music. So being on stage is really a way to let myself go. Otherwise I’m really quiet (laughing). Of course sometimes I don’t understand the world around me and I don’t understand how my mind works. I can try to write song about that, you know.

pn : De nouvelles chansons en besace ? Quelques dates de concerts ?

r.m. : Ouais, on a quelques nouveaux trucs depuis que l’album est sorti. Ca parle de sexe, d’énergie. Tout va très vite autour de moi et parfois j’ai ce sentiment de...d’agitation... J’essaie de plus en plus de composer d’un point de vue plus posé, plus calme. Je suppose qu’il y aura toujours ce mélange entre des morceaux calmes et d’autres plus agités, difficiles. J’aime bien l’idée de partir d’une base simple guitares/basse/batterie, et de rajouter des niveaux, de construire autour avec des sons un peu étranges (Rires). On a passé une semaine en studio, juste nous quatre, et on verra ce qui se passe. En Octobre-Novembre, on va faire une petite tournée en France, on se verra peut-être alors !

Yeah, some new songs have come up since then. All about sex and energy : life around me is going fast, and sometimes there’s that, em, restlessness about it, so...I’m more and more trying to write from a quiet angle. It’s gonna be a mix again between quiet songs and more restlessness, strange songs I guess. There’s always a base of simple guitars, bass and drums but I really like to add up layers, to build around with different sounds (laughing). We had a first week in the studio, but we made it really basic, just the four of us, you know. And then, see what happens. Next October and November we’ll have some dates in France, maybe we’ll see you then !


Stéphane Mas